UNE VIE, UN VÉCU : Mariama Ba, archétype d’une vraie femme africaine

UNE VIE, UN VÉCU : Mariama Ba, archétype d’une vraie femme africaine
UNE VIE, UN VÉCU : Mariama Ba, archétype d’une vraie femme africaine

Il y a de ces êtres qui ont réussi, de par leurs actes et gestes, à acquérir une place privilégiée dans le cercle des immortels. C’est à cette catégorie restreinte qu’appartient sans doute Mariama Ba, une vraie femme africaine. Cette auteure à la pensée féconde a réussi la prouesse d’inscrire son nom au panthéon de l’histoire en général, celle littéraire en particulier. Malgré une vie relativement courte- elle mourra quinquagénaire- cette femme écrivaine  aura concentré tout son vécu aux questions d’utilité publique notamment celles relatives à l’éducation dont elle fut une militante affirmée et les conditions de la femme africaine et sénégalaise.

La vie de Mariama Ba est partagée entre le militantisme socio-éducatif et celui pour la cause féminine pour ne pas dire féministe, lesquels constituent les deux versants fondamentaux de son vécu. Dans ses  différentes œuvres, littéraires et ou sociales, cette figure de proue de la littérature africaine de langue française apparait en réalité comme une fervente militante pour l’amélioration de la condition de la gent féminine. En réalité, cette femme pourrait être décrite comme une « feminist with a small f », c’est-à-dire consciente des enjeux de l’heure certes mais modérée

Issue d’un milieu aisé, Mariama Ba a comme géniteur un ancien ministre du Sénégal d’avant indépendance. En effet, son père Amadou Ba, a occupé le département de  la santé et de la population du premier gouvernement du Sénégal constitué le 20 mai 1957. Quelques années après sa naissance en 1929, la fille du ministre est confiée à ses grands-parents qui se chargeront de son éducation. Mariama Ba recevra ainsi simultanément une instruction religieuse et ou traditionnelle dispensée par ses aïeuls  et celle française visiblement inspirée par son père. Alors que la scolarisation des filles fut un véritable challenge à l’époque, elle jouera les coudées franches pour se maintenir non seulement dans les salles de classe mais aussi et surtout bousculer les préjugés et présupposés longtemps établis.

Refusant d’être une élève de seconde zone, Mariama  Ba se hissera, à force de travail, à un niveau de performance dont nombre de jeunes garçons ne pouvaient rêver. Voilà comment elle parviendra à décrocher son certificat d’études primaires en 1943. Ce premier diplôme lui ouvrira les portes de l’Ecole normale de Rufisque d’où elle sortira avec le titre d’institutrice en 1947, alors qu’elle n’était âgée que de 18 ans. Elle démontre ainsi que la femme peut bien égaler et même dépasser l’autre qui se dit du sexe fort.

Le métier d’enseignant, un sacerdoce

Par la voix de l’héroïne de son premier roman, Une si longue Lettre (1979), Mariama Ba révèle la passion et la fierté qui l’auront accompagnée dans le choix de l’enseignement comme profession alors que son avenir lui ouvrait d’autres portes. Ces motivations sont donc à trouver dans ce passage très éloquent, et qui reflète le caractère généreux et noble de ce métier qui fut sien : « les enseignants ceux du cours maternel autant que ceux des universités forment une armée noble aux exploits quotidiens, jamais chantés, jamais décorés. Armée toujours en marche, toujours vigilante. Armée sans tambour, sans uniforme rutilante. Cette armée- là, déjouant pièges et embûches, plante partout le drapeau du savoir et de la vertu ».

Le militantisme éducatif de Mariama Ba, ainsi démontré, va de pair avec une prise de conscience profonde de la sacralité de la profession enseignante. L’institutrice/auteur confesse : « Notre métier,  comme celui du médecin, n’admet pas l’erreur. On ne badine pas avec la vie, et la vie, c’est à la fois le corps et l’esprit. Déformer une âme est aussi sacrilège qu’un assassinat ». A la lumière de ces différents passages de ce chef-d’œuvre et de sa vie réelle en tant qu’enseignante, il ressort que Mariama Ba a dédié son vécu à la conscientisation sur le rôle de l’école, la nécessité de la préserver et de promouvoir les droits des femmes.

Thierno

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