Au Burkina Faso, des civils armés pour lutter contre le terrorisme

Au Burkina Faso, des civils armés pour lutter contre le terrorisme

Face à la multiplication des attaques, l’Assemblée nationale a adopté une loi permettant le recrutement de « volontaires pour la défense de la patrie ».

Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du Monde Afrique depuis ce lienChaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du Monde Afrique.

Manifestation à Ouagadougou, le 22 juin 2019, demandant « vérité et justice » pour les victimes du massacre de Yirgou, dans le nord du Burkina Faso, en janvier. OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Des civils armés peuvent-ils riposter face aux terroristes ? Pour le gouvernement et les députés burkinabés, oui. Le 21 janvier, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une loi permettant le recrutement de « volontaires pour la défense de la patrie ». Objectif : former et armer la population, dans certaines localités, pour lutter contre le terrorisme au Burkina Faso, où les massacres de civils ne cessent de se multiplier depuis 2015. En un mois, une centaine de personnes ont été tuées.

Sur le terrain, les forces de défense et de sécurité, sous-équipées, mal formées et trop peu nombreuses, semblent incapables d’enrayer le cycle des violences. Et à dix mois de la présidentielle, le temps presse. « Seule une mobilisation générale des fils et filles de la nation, sans considération de région, d’ethnie, d’opinion politique et de confession religieuse, est à même de vaincre ces meurtriers », soutient le président Roch Marc Christian Kaboré, qui, selon nos informations, mûrissait ce projet de « défense populaire » depuis près d’un an, avant d’en faire l’annonce officielle à la télévision nationale, le 7 novembre, après une attaque d’envergure contre un convoi minier dans l’est du pays.Lire aussi  Au Burkina Faso, l’opposition appelle à « sécuriser les lieux de culte »

Selon la loi promulguée le 29 janvier, ces volontaires, dont l’âge minimum est fixé à 18 ans, seront recrutés dans leur secteur de résidence, après approbation des populations locales en assemblée générale, et placés sous la tutelle du ministère de la défense nationale. Leur mission sera de « contribuer, au besoin par la force des armes, à la défense et à la protection des personnes et des biens de [leur] village ou de [leur] secteur de résidence », précise le texte. Et, si nécessaire, « jusqu’au sacrifice suprême ».

Risques de représailles

Concrètement, ces habitants effectueront des missions de surveillance dans leur zone, collecteront des informations et pourront riposter en cas d’attaque. Des sortes de « vigies rurales » qui seront dotées d’un « équipement spécifique » composé d’« armes légères, d’épaule ou de poing » et de « moyens de communication et d’observation tels que des jumelles », explique le gouvernement. Chaque volontaire bénéficiera d’un « appui financier de l’Etat » et d’une « formation initiale de quatorze jours », axée notamment sur l’armement, les tactiques de base et le respect des droits humains. Pour « éviter les dérives », chaque recrue fera l’objet d’une « enquête de moralité » et sera tenue à un « code de conduite strict », tient à rassurer le gouvernement.

En coulisses, on dit vouloir s’inspirer des « patriotes » lancés dans les années 1990 en Algérie pour lutter contre les islamistes armés ou encore des fameux comités de défense de la révolution, de l’ancien président burkinabé Thomas Sankara (1983-1987), au sein desquels des militants armés étaient chargés d’assurer la sécurité de leur quartier. Les autorités burkinabées auraient déjà reçu « de nombreuses candidatures spontanées », assure une source officielle. « Nos militaires n’y arrivent pas, [l’opération française] “Barkhane” non plus, on ne peut compter que sur nous-même maintenant pour sauver le pays ! », clame un Ouagalais qui se dit prêt à s’engager

Thierno

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Si vous souhaitez recevoir votre revue de presse par email chaque matin, abonnez ici !