Après huit ans d’absence, l’armée malienne en route pour reprendre Kidal Les militaires avaient été chassés de la ville en 2012 par le groupe terroriste Ansar Dine, affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique.
Le long de la route, une grosse centaine de militaires patientent, adossés à une longue colonne de pick-up. Lundi 10 février, leur départ pour Kidal, à 350 kilomètres au nord de Gao, est imminent. « Le chef suprême des armées et le peuple malien vous soutiennent et comptent sur vous », leur lance le général de division de l’armée malienne Abdoulaye Coulibaly, en guise de feu vert. Le moment est symbolique pour les forces armées maliennes (FAMa) qui attendaient depuis trois semaines ce départ. Reprendre le nord du Mali d’où l’Etat est absent depuis 2012, est une mission hautement symbolique.
Accompagnés par voies terrestre et aérienne par les casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali, la Minusma, ils ont donc pris la route vers 14 h 30, lundi 10 février. « Plus de 300 éléments sont à bord de camions et de véhicules légers et devraient arriver à Kidal ce vendredi », a tweeté le porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré. « Le Mali tout entier retient son souffle ce soir », a ajouté le ministre des affaires étrangères, Tiébilé Dramé, sur le même réseau.Lire aussi Au Mali, Ibrahim Boubacar Keïta assume un dialogue avec les djihadistes
Huit ans que ce redéploiement se faisait attendre. En 2012, les FAMa avaient été chassées de la ville par le groupe terroriste Ansar Dine, affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique. Et si l’ombre d’un retour à Kidal avait un temps plané en 2014, le Mouvement de libération de l’Azawad – groupe armé signataire de l’accord de paix de 2015 issu de la rébellion touareg, aujourd’hui partie prenante de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) – y avait assis son autorité après l’avoir libéré aux côtés des forces françaises de l’opération « Serval » en mars 2013.
« Menace pour la sécurité »
Cet abandon était devenu un sujet de crispation sur le plan diplomatique. En septembre 2019, le président de la République nigérienne, Mahamadou Issoufou, avait déclaré que « le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger ».
Le 10 novembre, lors d’une rencontre avec les chefs d’Etat sahéliens, Emmanuel Macron avait voulu rassurer, redisant « très clairement que Kidal, c’est le Mali et l’Etat malien. A Kidal, c’est le drapeau malien, l’administration malienne », soulignait-il. En janvier, à Pau, il avait de nouveau insisté sur l’importance de la restauration de l’Etat malien dans le Nord, et notamment à Kidal.
Car le retour de l’armée malienne dans la ville s’inscrit dans l’accord de paix de 2015, qui stipule que « les forces armées et de sécurité reconstituées se redéploieront, de manière progressive à compter de la signature de l’accord, dans les régions du nord ». Une force dite « reconstituée », composée de soldats de l’armée régulière, ainsi que de membres démobilisés de la CMA et de la Plate-Forme, un groupe armé également signataire, loyal au pouvoir central.